La musique dans tous ses états !

PORTRAIT L a G a z e t t e

N O V E M B R E  2 0 0 4 10

C'était un jour de pluie. En début d'après-midi. Il est arrivé, comme à son habitude, pantalon large décontracté,sweat-shirt des Eurockéennes de Belfort 2003 sur les épaules et casquette.

Né en janvier 1955 à Paris, le « petit »  Thierry n'a pas eu une enfance aisée, même s'il n'en garde pas d'aigreur. Milieu familialprolétaire. Père inconnu, puis parents divorcés à l'adolescence. Malade. Poumons abîmés. Perte de cheveux. Une calvitie «difficile à assumer quand la mode postsoixante-huitarde est aux cheveux longs. Je portais des perruques ». Thierry n'a pas le culte familial. « J'ai une soeur jumelle, assistante sociale. Moi, j'étais plutôt … le cas social de la famille ! » Ses années les plus marquantes, il les a passées dans une pension de la région parisienne, du CM2 à la cinquième. « Cet internat, c'était une grande famille avec des règles, des punitions mais avec aussi beaucoup d'échanges. Ces années m'ont forgé le caractère ». Arrivé en troisième, le futur chanteur arrête ses études avec le divorce de ses parents. «Ma mère m'a dit d'aller bosser ». Alors, après s'être couché pendant des années un transistor sous l'oreiller, Thierry Binoche se met à travailler dans un garage et install… des auto-radios.

A la fin des années 70, le rockeur chantant descend à Dijon. « Je commençais à mal tourner à Paris ». Depuis, il n'a jamais quitté la ville. « C'est ici que j'ai construit ma personnalité ». En 1977, Thierry jette sa perruque… et assume sa calvitie. C'est le début de sa carrière artistique. Le dénommé « petit chauve » monte un groupe. Il s'appellera Binoche'n ko et ne jouera que des compositions personnelles de Thierry. Son inspirateur d'alors, Jacques Higelin. «J'aime son écriture, sa gouaille, sa façon d'être sur scène. Pour moi, le Grand Jacques du rock français, c'est lui ! ». En 1982, rideau. Le groupe se disloque par lassitude. « L'un d'entre nous part rejoindre Thiéfaine ». Un an plus tard, Binoche reforme le groupe, sans le bassiste, et monte sur les planches pour une pièce de théâtre, La nuit du Taureau. 1984, c'est l'année des Rastas Fumetos. Un autre groupe. Et puis arrive Binoche « tout court » qui part en tournée dans toute la France. «Il fallait convaincre et conquérir le public qui était venu nous voir par curiosité. A ce jeu là, nous avons plus gagné que perdu ».

Tout au long de sa carrière, cet autodidacte cultive le principe du Carpe Diem. Et ça tombe bien ! Sa vie a parfois été marquée par de joyeux accidents. « Ma tête plaisait ». Il participe ainsi à plusieurs pièces de théâtre, L'Année terrible, A quoi rêvent les jeunes filles de Musset ?, et à des téléfilms, L'enfant des loups, une grosse production audiovisuelle tournée dans la région à la fin des années 90 et La chasse aux doryphores. Dans le même temps, Thierry le rockeur passe de l'autre côté du micro pour mettre en lumière les artistes à la radio, sur Radio 2000 en 1982, puis à la télévision à partir de 1984. Il squattera le plateau de France 3 Bourgogne Franche Comté pendant quinze ans. « Mener les entretiens est un exercice que j'ai adoré faire. Les artistes ne sont pas des personnalités faciles à interviewer […] Il fallait vulgariser pour donner envie ».

Depuis dix ans, Thierry a quitté la scène mais pas la musique. Tout en s'occupant de la promotion d'artistes, avec Nouna Prod, le rockeur compose, écrit et teste des rythmes dans son propre studio, chez lui, dans le but de renouer avec sa carrière artistique inachevée. « Je veux remonter sur scène (NDLR : l'année prochaine) pour me faire plaisir. Avec des musiciens ou tout seul...50 ans, ce n'est pas un âge banal pour recommencer sa vie »

Ce qui te plaît le plus dans la musique :

Ce qui te plaît le plus à Dijon :

Ce qui te plaît le moins à Dijon :

14 Janvier 1955 : Naissance à Paris

1971 : Premier concert 1979 : Premier groupe,

Binoche'n Ko 1982 et 1984 : Débuts de

1987-1988 : Les Découvertes du Printemps